Ali le Nubien n'en croyait pas ses yeux
Et pourtant c'était là noir sur blanc
Les demeures au visage de boue
aveugles et assoiffées
Les enfants qui crachent fument pissent
et rient
Les ruelles où le soleil dépose un
minuscule tapis
Les vociférations de la folle à l'approche
de l'aube
Le visage brun d'Amina derrière la vitre
brisée
Ses petits seins rondelets chargés de
tendresse
La plainte du laitier au crépuscule
longue comme une agonie
Les tremblantes tourterelles qui
frappent à la fenêtre
Les ombres qui sortent le soir des
lampes à pétrole
Pour donner sur le mur leur merveilleux
spectacle
Toute cette oasis de misère et de joie
Une gomme féroce et hurlante
L'effacera un beau matin
Et il ne restera plus rien
Des rêves d'Ali le Nubien
(En Sourdine, Paris, 1973)
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